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LES INDÉPENDANTES: TekSavvy – Réussir en restant fidèle à ses racines

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CHATHAM (Ontario) – L’entreprise indépendante TekSavvy est située dans une de ces villes de classe ouvrière qui a « déjà eu » beaucoup de choses. 

Elle a déjà eu une usine de Rockwell International. Elle a déjà eu l’usine de soupe Campbell. Elle a déjà eu autrefois une entreprise de fabrication de fenêtre. TekSavvy, cependant, quoique petite est devenue un énorme succès dans cette ville d’environ 40 000 habitants. Maintenant avec plus de 600 employés (la plupart d'entre eux travaillent dans cette ancienne usine de soupe que TekSavvy a rénové, alors que d’autres œuvrent à Toronto et Montréal), la société est maintenant le deuxième employeur privé de Chatham, derrière l’Union Gas.

Il ne serait pas exagéré de dire que les gens de cette ville du sud-ouest de l’Ontario (tout comme ses clients) ont une opinion beaucoup plus charitable de TekSavvy que, euh, des opérateurs majeurs de réseaux qui, paradoxalement, louent de l’espace sur leurs réseaux afin que TekSavvy puisse desservir ses clients à haut débit partout au pays – maintenant à un taux récemment abaissé par le CRTC.

Ces mêmes propriétaires de grands réseaux qui ont combattu TekSavvy à chaque tournant, qui ont appelé la compagnie un certain nombre de noms au cours des années, tant officiellement qu’officieusement, qui la caractérisent de parasite qui devrait déployer son propre réseau ou, comme un avocat réglementaire a déjà dit au CRTC, TekSavvy, c’est juste quelques serveurs soutenus par un service réglementaire. Ils n’ont aucun avenir.

TekSavvy, c’est bien plus que cela, bien sûr. Cette entreprise, maintenant le plus grand des FSI canadiens indépendants, a été construite par deux frères, Marc et Rocky Gaudrault qui ont débuté leurs carrière entrepreneuriale lorsqu’adolescents, ils ont lancé leur propre entreprise d’entretien de pelouses à Chatham. « Nous avons coupé des pelouses et des trucs comme ça. La formule est assez simple : prenez soin du client, » se souvient CEO Marc Gaudrault (photo ci-dessus, à droite, avec Pierre Aubé, le COO de la société) dans une récente entrevue au siège de TekSavvy. » Bientôt, nous avons eu plus de travail que nous pourrions gérer – et vraiment, c’est le même genre de devise ici. Nous avons porté cette sorte de mantra – prenez soin du client ». (Rocky n’a plus un rôle opérationnel avec TekSavvy, il a quitté son poste en 2012.)

Les quelques 250,000 clients de la compagnie répliquent de la même manière ; ils prennent soin de TekSavvy. Beaucoup d'entre eux (concentrés au Québec et en Ontario – 50 % dans la région du grand Toronto – mais trop dispersés) sont loyaux. TekSavvy est régulièrement classée comme le FSI numéro un au Canada par les visiteurs de DSL Reports.

Ses clients voient l’entreprise comme une bouffée d’air frais, leur façon de se venger des plus gros, en quelque sorte. Ils ne se voient pas être les clients des grands FSI canadiens – ils préfèrent ne pas regrouper tous leurs services de communication sous un même toit rouge ou bleu ou jaune. Cette foi a récemment porté ses fruits, littéralement. Alors que les gros transporteurs réagissent à des charges accrues par des majorations tarifaires, TekSavvy vient juste de réduire les taux pour la plupart de ses clients. Difficile de ne pas aimer ça.

TekSavvy, le FSI émerge de l’effondrement des dot-com en 2001. Marc, un ingénieur mécanique et son frère avaient lancé l’entreprise en 1998, montant des sites web alors que la programmation Flash était à la mode. Lorsque la bulle a éclaté, toutefois, les coupures de dépenses effectuées par leurs clients ont fait en sorte que leurs revenus se sont taris et ils ont compris qu’il fallait faire quelque chose d’autre – rapidement.

« Deux semaines plus tard nous avons commencé à vendre de l’internet. C’était vraiment artisanal. » – Marc Gaudrault, TekSavvy

Ainsi, Bell est venu à eux (!) avec une idée – pourquoi ne pas vendre le service internet. À l’époque, Bell Nexxia une division de BCE était à la recherche de partenaires locaux pour les aider à déployer le service internet résidentiel aussi largement que possible. « Il n’était pas encore tarifé à l’époque, » se souvient Gaudrault. « Bell nous a demandé « Hé, vous voulez commencer à vendre internet ? » Littéralement, du jour au lendemain, je me souviens avoir pensé, « merde je ne connais rien sur internet, » mais à l’époque personne n’y connaissait rien.

 « À l’intérieur de deux semaines, je me souviens m’être acheté un routeur Cisco – et j’ai bidouillé avec Linux afin de créer une adresse IP. Deux semaines plus tard, nous avons commencé à vendre internet. C’était vraiment artisanal et nous avons continué de mettre le focus sur le client puis comme avant « Hé, comment peut-on vous aider » ? »

 Bien que notre relation initiale avec Bell ait assez bien commencé, quiconque connait le sens des acronymes comme UBB (facturation à l’utilisation) ou TPIA (accès Internet tiers) ou de termes comme ventilées en gros (rechercher ces termes sur Cartt.ca pour plus d’information), est au courant des batailles que TekSavvy a livré pour construire et développer son entreprise. En 2016, la société et les autres FSI indépendants, ont remporté une victoire réglementaire majeure qui générera réduction des coûts de gros, de meilleures vitesses et si tout va bien, leur permettre d’accroître leur clientèle. Essentiellement, le CRTC a dit à l’industrie que les tarifs de gros proposés par les entreprises titulaires étaient beaucoup trop élevés et donc a diminué certains taux intérimaires, parfois jusqu'à 89 %.

« Son travail est très difficile et je pense que ce qu’il fait est très courageux. » – Gaudrault

« L’essence de notre activité est grandement tributaire des décisions réglementaires, il n’y a aucun doute à ce sujet, » a déclaré Gaudrault qui complimente également le président du CRTC, Jean-Pierre Blais pour avoir tenu tête aux titulaires. « Pour nous, (le président Blais) était une bouffée d’air frais et je pense que les consommateurs le voient aussi comme ça. Honnêtement, ce que je ressens vraiment, c’est que son travail est très difficile et je pense que ce qu’il fait est très courageux. Ça rejoint les Canadiens de plusieurs manières, non seulement dans ce qu’ils veulent, mais je pense qu’un peu de courage et un peu de coeur, vont très loin ces jours-ci, » a déclaré Gaudrault.

Tout au long de la bataille, apparemment sans fin, des FSI indépendants pour obtenir un accès de gros abordable jusqu’au dernier mile, on réalise peu que personne ne veut d’un autre réseau de câbles dans les poteaux de nos quartiers. Également, une grande partie des canalisations souterraines est à pleine capacité. Un autre réseau filaire n’est donc pas réalisable et conséquemment, l’accès au gros est la seule façon d’augmenter le nombre de concurrents.

Dans son désir de servir ses clients de large bande de quelque manière qu’ils puisse, TekSavvy exploite également un réseau de plus de 30 tours sans fil fixe dans le sud-ouest de l’Ontario, avec un service appelé SkyFi. Essentiellement, dit Gaudrault, il ne faisait aucun sens d’avoir des lacunes de service dans notre région natale donc, là où les fils ne peuvent se rendre, SkyFi le fait dans les comtés de Chatham-Kent, d’Essex et de Sarnia-Lambton.

« J’étais propriétaire de TekSavvy et les gens me demandaient : « Hey, pouvez-vous m’offrir le service internet ? » Et je devais dire « Oh, Désolé, je ne peux pas » (parce qu’ils étaient au-delà des réseaux câblés). Finalement, nous nous sommes dit, « Bien, nous allons commencer à faire du sans fil, » et il s’avère que ça a été assez populaire ici, » raconte Gaudrault. « Bien évidemment par rapport à la base de notre activité, c’est très petit, mais nous avons investi et nous continuons d’investir. Nous cherchons à en faire davantage ».

2017 verra TekSavvy s’attaquer à la vidéo car Gaudrault sait bien que la télévision fait partie des raisons pour lesquelles certains clients restent avec Rogers ou Bell. Le jumelage des services de télévision avec le service à large bande est attrayant. Ainsi, la compagnie lancera cette année un produit IPTV en tant qu’EDR réglementée. Gaudrault, affirme que la compagnie a beaucoup appris sur le marché de la télévision depuis son investissement dans Hastings Cable Vision à Madoc, en Ontario en 2014 et quand il a déployé un réseau de fibre à Perth, en Ontario, avant de le vendre à WTC Communications. « Nous avons choisi une voie différente en construisant notre propre solution télévision. Nous nous concentrons en général sur des logiciels puissants et en télévision, ces jours-ci, c’est axé sur le IP », a-t-il ajouté.

« Ce que nous faisons à la télévision, permet vraiment à nos clients d’obtenir des services dégroupés dans le sens où ils ne sont pas captifs. » – Gaudrault

« L’idée est de de répliquer notre approche sur ce que nous faisons en téléphonie et internet, en ayant toujours cette approche consommateur et vraiment répondre à leurs besoins. Nous pourront réagir rapidement lorsque les changements arriveront, car nous avons-nous-même développé notre service.

« Ce que nous faisons à la télévision, permet vraiment à nos clients d’obtenir des services dégroupés dans le sens où ils ne sont pas captifs. »

La société investit de plus en plus dans sa division services d’affaires, axée sur l’hébergement web, la large bande et la téléphonie pour petites entreprises. Ils ont également investi dans le Root Data Centre de Montréal pour les aider dans cette direction.

« Ce que je vois, c’est un écosystème. Vous avez les gros joueurs qui sont très solides mais comment pouvons-nous investir dans nos propres infrastructures et autres secteurs d’affaires comme le centre de données… et tous les autres trucs ? » demande Gaudrault. « Pour nous, je pense que nous avons la bonne recette et que le cœur de notre action est le client. »

Cette histoire a été traduite de son original en anglais.