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LES INDEPENDANTES: La large bande est la meilleure stratégie pour retenir les jeunes en milieu rural (et les entreprises)

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L’EDIFICE QUI ABRITE LES BUREAUX de Brooke Telecom à Inwood, Ontario, est également le bureau local de la société canadienne des postes. Difficile à imaginer un plus puissant symbole.

Inwood (situé dans la municipalité de Brooke-Alvinston, pop. 2 500) est à mi-chemin entre les centres urbains de London et de Sarnia et quand vous sortez du bureau du fournisseur de large bande /bureau de poste, à peu près tout ce que vous pouvez voir ce sont des champs cultivés et quelques maisons. Pourtant, Brooketel fournit de la connectivité et des vitesses équivalentes à celles des grandes villes à ces maisons – et ces granges – sans parler des entreprises des alentours.

Ceux qui choisissent de vivre en région rurale veulent vivre une existence moderne – et la connectivité à large bande est donc le principal service à offrir à ces maisons isolées. Les citoyens n’ont plus la patience de s’en passer ou d’attendre, parce qu’ils vivent sur une route rurale et non sur un boulevard. Ils ne se soucient pas où ils sont et pensent "je devrais obtenir les mêmes services, que je sois au milieu du canton de Brooke, dans une ferme, ou que je sois dans le centre de London. Ils doivent être exactement les mêmes ",» a déclaré Geoff Greening, directeur général de Brooketel, dans une interview donnée à son bureau.

Ainsi, «dans une perspective de développement économique, si nous n’avons pas ces types de services dans une petite communauté, comment pourrons-nous maintenir nos jeunes en région? C’est un problème.»

Brooketel, une coopérative détenue par ses membres, dont l’histoire remonte à 1911, offre des vitesses et des forfaits comparables à ceux des grandes villes (avec de meilleurs prix que certains et sans plafond de bande passante), de la télévision numérique et du téléphone résidentiel tout en agissant comme un revendeur de Bell Mobilité (avec même une couple de ses propres tours cellulaires pour combler certaines lacunes rurales – y compris à Inwood-même, comme on le voit sur la photo).

Brooketel compte près de 2 000 clients répartis sur plusieurs centaines de kilomètres carrés. Environ 1 500 résidences sont dans ses échanges de petite ESLT traditionnelle (avec 40 % de pénétration pour la fibre à la maison, a déclaré Greening) et le reste sont dans des communautés à l’extérieur de son territoire, régions auxquelles la co-op s’est implanté comme à Watford et à Alvinston. Ces deux «grands centres» ont des projets de fibre à la maison construits par Brooketel qui est concurrente à Alvinston avec Eastlink qui offre le « triple jeu » mais pas de fibre à la maison. À Watford, le plus grand concurrent est Execulink, un autre fournisseur indépendant. «Ils sont, franchement, un très bon concurrent donc nous avons des clients qui basculent entre nous et eux. Nous souhaiterions avoir une pénétration plus élevée, mais cela fait partie du jeu,» a expliqué Greening.

Bell est également un concurrent dans les deux communautés mais n’offre pas de large bande.

«Nous investissons l’argent de nos membres (en bâtissant au-delà de nos échanges traditionnels) et générons des profits pour eux. Notre idée est que ce sont des investissements à long terme. Nous ne nous attendons pas à un retour sur nos investissements dans un délai de deux ans. Lorsque je travaillais à Eastlink, c’était essentiel d’avoir un retour rapide sur notre investissement mais nous sommes un peu plus sur la longue durée. Je suppose que c’est notre nature dans une zone rurale. Un agriculteur n’achète pas une ferme pour faire un profit en deux ans », a-t-il ajouté. «Nous avons déjà des fibres à Watford et Alvinston donc il était logique d’y aller.»

Maintenant, en partie à cause du fait qu’il y de la fibre à large bande, Alvinston voit une croissance. «Le maire est enthousiaste,» a ajouté Greening. «Nous constatons des investissements dans la collectivité pour la première fois depuis longtemps. Il y a effectivement un immeuble en construction. On ne parle pas d’un immeuble de la taille de ceux à Toronto, nous parlons d’un petit édifice mais c’est nouvel investissement immobilier. Nous constatons également que trois ou quatre nouveaux commerces ont ouvert sur la rue principale et ces bâtiments étaient fermés depuis un certain temps.»

«Il y a des gens dans notre région qui sont sur notre réseau de fibre ou sur notre réseau DSL qui sont en mesure d’obtenir un emploi à temps plein avec de bonnes conditions, tout en travaillant de la maison.» – Geoff Greening, Brooke Telecom.

Beaucoup de ceux qui vivent dans nos villes et villages ou qui ont déménagé récemment, ont des histoires semblables, dit Greening (comme certains des autres que nous avons interviewé pour notre série sur les indépendantes). Fatigué par le rythme abrutissant des grandes villes ou du prix de l’immobilier, ils déménagent – mais ils ont encore besoin d’être assez proche de leur travail qui, pour les clients de Brooketel, se trouve souvent à London (65 kms de Alvinston) ou à Sarnia (64 km). D’autres sont nés et ont grandi ici et veulent aussi du haut débit.

Pour certains cependant, le travail peut venir à eux en région, grâce à cette connectivité. Par exemple, note Greening, en 2013, lorsque la chaîne d’hôtels Marriott a décidé de fermer son centre d’appels de Sarnia et a demandé à son personnel de travailler de chez eux, certains d'entre eux se sont retrouvés sur le réseau de Brooketel. «Il y a des gens dans notre région qui sont sur notre réseau de fibre ou sur notre réseau DSL qui sont en mesure d’obtenir un emploi à temps plein avec de bonnes conditions, tout en travaillant de la maison. »

«Nous allons effectivement configurer des routeurs personnalisés pour eux et faire d’autres travaux supplémentaires car nous avons une population plus âgée et il n’y a pas beaucoup de sociétés IT par ici en mesure de faire ce travail.» – Greening

Comme pour la plupart des indépendantes, Brooketel se targue d’avoir un service à la clientèle personnalisé. Il est important de bien travailler pour ceux que vous rencontrerez à l’épicerie, aux parties de hockey junior ou à l’Église – surtout quand ils arrivent de chez Best Buy à London avec une nouvelle TV et ne savent pas comment la faire fonctionner. «Nous allons au-delà du service à la clientèle standard,» a ajouté Greening (à droite). «Nous allons effectivement configurer des routeurs personnalisés pour eux et faire d’autres travaux supplémentaires car nous avons une population plus âgée et il n’y a pas beaucoup de sociétés IT par ici en mesure de faire ce travail – donc on finit par faire ce genre de travaux pour nos clients aussi.»

Malgré tout le travail que Brooketel a fait et peut faire, il reste un rôle de premier plan pour le gouvernement lorsqu’il s’agit de desservir la population rurale et Greening espère que le réseau SWIFT (Technologie de Fibre Intégrée du sud-ouest) récemment créé pourra aider. Cependant, alors que SWIFT cherche à se concentrer d’abord sur l’infrastructure principale avec son financement de $280 millions, provenant des gouvernements fédéral, provincial et local, c’est dans la construction du dernier mille que des compagnies comme Brooketel ont besoin d’une aide supplémentaire, a déclaré le directeur général.

«Nous avons déjà construit cette colonne vertébrale, l’infrastructure principale» a-t-il expliqué. «Je veux dire, j’ai déjà de la fibre qui va de Grand Bend jusqu'à Alvinston et on a un anneau au milieu. Vous avez besoin de quoi de plus en termes d’infrastructure de base? Je ne vois pas.

“ (Le dernier mille) est la partie la plus coûteuse, la plus difficile. Le modèle d’affaires de SWIFT est d’espérer, et je le questionne, que les revenus générés par l’infrastructure principale aideront à financer le dernier mille mais j’ai mes doutes. Quand je câble une route de campagne pour fournir cinq clients et qu’il va m’en coûter $ 300 000 pour servir ces cinq clients, est-ce que cela fait beaucoup de sens, économiquement? Probablement pas, même de mon point de vue, sans parler de Bell et autres,» poursuit-il.

«Regardez, nous tenons à étendre les services à cette communauté et nous pouvons le faire très efficacement par rapport à quelqu'un d’autre… Un programme de plusieurs millions de dollars, ce n’est pas ce que nous avons besoin. Nous avons besoin de beaucoup d’argent pour servir peu de gens mais cela pourra effectivement rapporter des dividendes énormes, énormes», a ajouté Greening.

«Le problème est que les projets que Swift regarde sont vraiment gros, tandis que ceux que nous traitons sont très petits et que nos projets ont aussi besoin d’aide financière… Je n’ai pas les millions de dollars nécessaires pour construire des réseaux partout mais j’ai beaucoup de petits problèmes et je peux les résoudre très efficacement, pour très peu de dollars».

Traduction française réalisée par Denis Carmel, Chelsea, Que.