Cable / Telecom News

Les Indépendantes: Elles confondent les Conseillers (et autres) depuis plus de 30 ans

Cable Cable sign2.jpg

Cable Cable n’est PAS propriétaire des Raptors

IL Y EUT UN MOMENT marquant lors de l’audience du CRTC sur les services téléphoniques de base qui a bien montré comment les indépendantes gèrent leurs entreprises différemment des grosses compagnies.

Lors de la comparution de la Canadian Cable Systems Alliance (CCSA), les conseillers du CRTC semblaient éprouver des difficultés à déchiffrer leur plan de déploiement de la fibre.

Établie à Fenelon Falls, en Ontario, Cable Cable a été fondée en 1983 et dessert environ 4000 clients vidéo et 6500 clients de large bande dans la municipalité de Kawartha Lakes. Ils fournissent un service de large bande dans une région de la superficie du Grand Toronto (incluant Mississauga à l’ouest, Brampton au nord et Oshawa à l’est). Cependant, selon Statistique Canada, Kawartha Lakes a une densité de 24 habitants par kilomètre carré alors que Toronto en compte 4150.

Cable Cable comble les lacunes du réseau avec du sans-fil fixe mais elle préfère la fibre. L’entreprise a évoqué durant cette audience une extension de son réseau de fibre optique de large bande vers une communauté de 300 résidences à 9 kilomètres du réseau existant. En présumant d’une adhésion normale du service dans ce village, le retour sur l’investissement prendra 12 ans, ont expliqué la CCSA et le président de Cable Cable, Mike Fiorini aux conseillers étonnés qui ne semblaient pas croire ce qu’ils entendaient. À ce moment de l’audience, on discutait de subventions potentielles pour déployer la large bande aux communautés rurales au Canada, bien que la leur se trouve à deux heures de voiture de Toronto.

(Note de l’éditeur : Un cadre d’un des trois grands câblodistributeurs nous a confié : “Si quelqu’un nous proposait quelque chose comme ça, n’importe quoi qui dépasse un retour sur l’investissement de plus que cinq ans, il serait chassé de la réunion, voire renvoyé. ”

Cable Cable envisage présentement desservir huit petites communautés avec des projets similaires. Une aide accrue accélèrerait ces projets”, a dit le vice-président du CCSA Chris Edwards, à la même audience.

« Si je peux parler de ma perspective d’opérateur de petit système », a ajouté Fiorini répondant à une question du vice-président télécommunications du CRTC Peter Menzies, sur du financement bancaire pour une expansion du réseau, « Il n’y a pas de capital disponible. Les banques ne nous aiment pas. »

« Nous n’avons ni gros bonis, ni de gros dividendes, nous ne conduisons pas de Lamborghini et je ne suis pas propriétaire des Raptors » – Mike Fiorini, Cable Cable

Alors pourquoi le faire, demanda le conseiller Menzies? « Je le fais pour moi-même et pour nos clients. Nous finançons notre expansion avec nos profits. »

« Comment? » insista Menzies. « Nous n’avons ni gros bonis, ni de gros dividendes, nous ne conduisons pas de Lamborghini et je ne suis pas propriétaire des Raptors » a expliqué Fiorini (sur la photo, capture d’écran de CPAC.ca)

En fait, l’industrie des télécommunications et de la câblodistribution canadienne est le fait de quelques grandes entreprises qui fournissent leurs services à la majorité des Canadiens alors c’est difficile de comprendre comment et pourquoi les indépendantes sont en mesure de faire ce qu’elles font.

Et pourtant, elles le font. C’est l’histoire de cette entreprise, fondée pour combler une lacune. Les co-fondateurs Tony Fiorini (le père de Mike) et David Pendlebury étaient deux enseignants du secondaire frustrés de ne pouvoir voir les parties de la NFL à leur domicile, le dimanche et aucune compagnie de câble ne se préoccupait assez de cette région pour y faire expansion alors ils ont fondé une compagnie de câble pour desservir Fenelon Falls et Bobcaygeon – et ont enfin pu voir les parties de la NFL.

Ce déploiement de fibre qu’expliquait Cable Cable aux conseillers du CRTC est un autre exemple où ils comblent une lacune même s’ils n’auront pas beaucoup de clients dans la bourgade qu’ils vont desservir. Imaginez le nombre de raccordements sur une fibre sur une distance de 8.5 kilomètres en ville. « Si nous construisons un kilomètre de fibre, il y a peu de chances que des clients se raccorderont sur ce kilomètre de fibre, » expliquait Fiorini dans une entrevue plus tôt cette année, à son bureau (photo plus bas). « Cette fibre n’a qu’une fonction de transport, pour se rendre dans un patelin alors qu’en ville, le transport et la distribution sont côte à côte.

Ce n’est pas qu’il n’y a pas de subventions auxquelles Cable Cable puisse avoir accès. Il y en a, des trois niveaux de gouvernements, et la compagnie les utilise pour bâtir dans les zones à coûts plus élevés. Par contre, il en faudrait plus, ajoute Fiorini, pour étendre le réseau sur encore plus de routes rurales.

La compagnie travaille étroitement avec la municipalité parce que dans plusieurs régions de Kawartha Lakes, Cable Cable est la seule à offrir la fibre rapide. Le réseau de la compagnie relie les bureaux municipaux, les casernes de pompiers, les arénas (où elle offre le Wi-Fi gratuitement), les centres récréatifs, les usines de traitement des eaux et autres bâtiments municipaux. Elle vient tout juste de renouveler le contrat avec la municipalité pour 10 ans.

Au niveau du service résidentiel, Cable Cable offre des bouquets vidéo, téléphone et large bande à des tarifs qui concurrencent ceux de n’importe quelle grande ville (de $95 à $187.50 par mois avec des vitesses de téléchargement de 25 Mbps et de téléversement de 5 Mbps) avec un avantage additionnel : des données illimitées.

Elle a également amené la fibre à la maison dans le domaine Mariposa Creek, près de Little Britain. Bientôt, elle déploiera encore plus de fibre à la maison. Fiorini a refusé d’indiquer où seront les prochains projets.

Il y a plusieurs années leurs concurrents les plus féroces étaient les fournisseurs de services satellitaires Star Choice et Bell ExpressVu (maintenant Shaw Direct et Bell TV). Mais offrir les plus grandes vitesses de la région leur a donné un avantage. (Bell offre le service de lignes d'abonnés numériques et Xplornet est un joueur mais avec un internet moins rapide et pas de possibilité de combiner avec la télévision et Rural Wave offre de la large bande passante LTE et revend le service de Shaw Direct pour la télévision. « Ne nous leurrons pas ! Alors que l’entreprise a été fondée, il y a 34 ans, pour combler une lacune au niveau de la télévision, le produit est maintenant l’internet. C’est clair. » ajoute Fiorini.

La prochaine étape pour la compagnie sera la mise à niveau de son réseau vidéo numérique commutée dont l’annonce se fera prochainement. Cette opération augmentera leur capacité en large bande, en libérant de la bande passante. Fiorini dit qu’il espère également offrir une plateforme de télévision IP qui incorporera les services par contournement (OTT) comme Netflix et Amazon Prime dans le décodeur.

« De 2000 à 2016 nous avons probablement dépensé plus de $30 millions en infrastructures, facilement. » – Fiorini

« De 2000 à 2016 nous avons probablement dépensé plus de $30 millions en infrastructures, facilement, » il ajoute, remarquant qu’il y a toujours plus à faire. Nos dépenses annuelles en infrastructure dépassent les $750 000. Certaines années, c’est beaucoup plus mais on en retire les avantages. »

Nous en bénéficions à cause du lien profond que Cable Cable et ses 30 employés entretiennent avec Kawartha Lakes. « Nous sommes au cœur de notre communauté. On en fait tellement… nous offrons des nouvelles locales… nous participons et redonnons à notre communauté… nous sommes peut-être petits mais les salaires que nous versons sont dépensés dans notre communauté. Lorsque nous trouvons un fournisseur local, nous achetons de lui. Chacun de nos employés redonne à la communauté. Leur argent n’est pas exporté. »

Traduction française réalisée par Denis Carmel, Chelsea, Que.