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LES INDÉPENDANTES: Comment la fibre à la maison a amené la large bande au dortoir

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Gosfield North Communications déploie son réseau à large bande rural tout en aidant les travailleurs saisonniers à rester en contact avec leurs familles.

COTTAM, Ont. — Deux événements marquants sont arrivés à Rob Petruk à la fin de l’année 2010. Le premier est qu’il a été engagé par Gosfield North Communications comme directeur général et directeur principal de la technologie.

C’est alors que ce vétéran de 11 ans chez Bell Canada habitué aux derniers trucs technologiques et aux logiciels dernier cri et ayant accès à des ressources importantes, arrive chez Gosling North pour découvrir la réalité d’un opérateur indépendant tout en désirant s’intégrer dans sa communauté et diriger lui-même son propre réseau.

Ayant lui-même grandi dans le Sud-ouest ontarien tout près d’où il travaille maintenant, il connaissait les limites du réseau. Il a été engagé pour le moderniser après tout. Le conseil d’administration « désirait une personne familière avec les nouvelles technologies et c’était moi… j’aime vraiment l’idée de travailler, fonctionner et fournir un service et d’être impliqué dans la communauté de votre territoire, » dit Petruk (vu ici près d’un commutateur Magneto, du début des années 1900) lors d’une entrevue récente avec Cartt.ca au siège social de l’entreprise, à Cottam, en Ontario.

Lorsqu’il a débuté, il y a plus de huit ans, l’entreprise offrait la téléphonie de base et son internet offrait « 2 connexions de 45 Megs pour couvrir l’ensemble des abonnés. Notre connexion la plus rapide était un accès commuté de 5 Megs, » se rappelle-t-il.

Mais à l’automne 2010, comme certains de nos lecteurs s’en rappelleront, le deuxième élément marquant est survenu et pas seulement pour Petruk. : Netflix fit son entrée au Canada. Cela a radicalement changé la donne pour quiconque administrait un réseau. « Notre internet a plongé, » se rappelle Petruk. Je me souviens avoir passé deux ou trois jours durant les fêtes ici au bureau, en larmes, je crois, tentant de décider ce que nous allions faire.

« Nous n’avions plus de capacité pour les gens pour accéder à l’internet, car Netflix accaparait toute la bande passante. »

Tout en tentant de servir les clients qui, soudainement, étaient devenus avides de bande passante, Petruk, son conseil d’administration, ses dix employés et les entrepreneurs locaux ont rapidement accéléré les travaux afin de moderniser le réseau. « Heureusement, nous avions déjà amorcé certaines démarches pour améliorer le transport et la distribution de l’accès internet et des choses comme çà… mais j’ai passé 2011 à travailler avec le conseil d’administration afin de développer un plan nous amenant où nous devrions être, pour être prêts pour le futur. » nous a-t-il dit.

 Heureusement, son expérience chez Bell avait été de travailler sur des technologies en développement « qui n’étaient pas encore prêtes à être offertes aux consommateurs, » donc, il avait une idée de ce qui s’en venait après Netflix et a tenté de rendre le réseau de Gosfield plus robuste afin d’affronter les nouvelles vagues.

Donc l’entreprise s’est engagée dans une mise à niveau drastique, « remplaçant tous les équipements qui se trouvaient dans notre bureau central, notre routeur de base, les commutateurs et toutes ces choses ont été mises à niveau de telle sorte que le système qui est toujours en place aujourd’hui, peut gérer plus de trafic que nous gérons présentement et peut se déployer au-delà de l’indicatif régional 519, si nous le désirons »

Ces mises à niveau signifiaient déployer de la fibre le plus loin possible incluant à la maison et, vers la fin de 2012, inaugurer son propre service de télévision IP. « Les choses ont bougé vraiment, vraiment vite, » a-t-il expliqué.

La plupart des utilisateurs dans son territoire traditionnel (l’échange 839) bénéficient maintenant de la fibre à la maison avec toute la vitesse et la bande passante illimitée que ça comporte. Bientôt, tous ses 2 200 clients dans ses territoires comme ESLT tout comme ceux de ESLC auront de la fibre à la maison.

Toutefois, et c’est également une histoire de croissance, cela a voulu dire étendre le réseau le long de Belle River Road dans des endroits comme Woodslee et Belle River, une communauté pittoresque de 5 000 habitants sur le lac St.Clair, à 30 minutes de Windsor. On peut voir Détroit de la marina de Belle River.

Dans les faits, Gosfield est en surcapacité à Belle River, lui permettant d’offrir, en partenariat avec la municipalité de Lakeshore du Wifi gratuit et concurrençant Bell pour sa clientèle. Nous avons testé les vitesses du Wifi public et gratuit à la marina (en photo) et avons constaté des vitesses de téléchargements de 150 Mb/s et 115 Mb/s pour l’envoi. Pas mal bon pour une journée à la plage ou un été sur le bateau.

« Nous avons pris la chance que ces personnes n’avaient que des capacités de services limitées ou même aucun service et nous savions qu’il y avait de bonnes chances qu’elles voudraient de la fibre, ». » —Rob Petruk, Gosfield North Communications.

Le projet de déploiement de fibre de Cottam à Belle River sur une distance de 25 kilomètres a offert un nombre additionnel de possibilités pour la coopérative. « Nous avons commencé à construire sur Belle River Road et à cause de ma crainte de déployer un seul fil le long d’une route où de nouvelles maisons se construisaient, nous avons incorporé autant de développements et de routes à Lakeshore que nous pouvions, “nous a dit Petruk.

‘En intégrant les routes rurales et les fermes qui les longent, nous avons pu développer une relation avec les personnes dans ces communautés alors que nous procédions à la construction… nous avons pris la chance que ces personnes n’avaient que des capacités de services limitées ou même sans service et nous savions qu’il y avait de bonnes chances qu’elles voudraient de la fibre,” tout en donnant au nouveau réseau une diversité de parcours dans l’éventualité qu’une fibre soit rompue.

Par contre, le mot s’est répandu le long des routes où Gosfield n’avait pas déployé de fibre et les gens en voulaient aussi. Alors Petruk et son équipe ont développé un plan d’installation à bas prix (il passe la fibre dans des conduites souterraines) et lorsque quelqu’un dans un nouveau quartier les approche pour obtenir de la fibre, Petruk nomme cette personne comme championne de ce voisinage pour savoir combien de nouveaux clients dans ce coin se joindront à Gosfield. Plus il y a de preneurs, moindres seront les coûts d’installation. Une fois le nombre de nouveaux abonnés connu, Petruk installera cette fibre au prix coûtant jusqu’aux maisons, aux fermes et aux commerces qui le désirent.

Les fermiers qui ont leur propre équipement peuvent installer eux-mêmes les conduites fournies par Petruk diminuant ainsi les coûts d’installation. Petruk n’a pas voulu dévoiler ses coûts d’installation, mais a indiqué que c’était environ l’équivalent d’une année d’abonnement pour la large bande par abonné “avec leur fournisseur actuel et ordinairement quand ils viennent chez nous, leurs factures mensuelles diminuent significativement.”

De plus, les fermiers ont longtemps eu besoin d’une connectivité à haute vitesse en temps réel pour gérer leurs entreprises et rester informés des prix du marché pour leurs tomates, concombres, blé d’hiver ou leur soya.

Une connexion Gosfield est un cadeau du ciel pour ceux qui devaient se fier au fil de cuivre, au satellite ou à leur téléphone cellulaire. “Les agriculteurs de cette région sont au milieu de nulle part et pour concurrencer ils doivent avoir une mise en marché flexible et être au fait des lois sur l’emballage pour suivre ce qui se passe aux États-Unis, donc certains se sont procuré de la bande passante pour faire affaire de manière appropriée. Maintenant, ils ne sont plus préoccupés d’être moins concurrentiels, car ils peuvent avoir leur information distribuée aux encans et à leurs partenaires (groupes de mise en marché) et aux entreprises aussi rapidement que quiconque,” explique Petruk.

LA PROCHAINE OPPORTUNITÉ vise ceux qui travaillent sur ces fermes. Chaque année, des milliers de travailleurs saisonniers provenant d’endroits comme le Mexique, la Jamaïque et d’autres pays viennent au Canada pour effectuer certains des travaux nécessaires sur les fermes pour compenser le manque de main-d’œuvre canadienne. Le Sud-ouest ontarien est une vaste région agricole et Petru estime que de 5 000 à 8 000 travailleurs saisonniers s’y trouvent pour les saisons de la plantation, de la croissance et de la récolte.

Ils arrivent généralement avec leurs propres appareils pour rester en contact avec leurs familles, mais trouvent difficile de se connecter en utilisant les grandes entreprises de télécommunications à cause des coûts, la distance des tours de cellulaire et le fait qu’ils ne restent pas assez longtemps pour profiter des avantages d’un contrat d’abonnement. On peut généralement les trouver dans leur temps de repos regroupés autour la personne qui a un point d’accès Wifi mobile.

Donc, Petruk a travaillé avec les fermiers pour pouvoir amener la fibre aux dortoirs et malgré qu’il puisse y avoir une douzaine ou plus de travailleurs dans chaque dortoir, il leur charge un abonnement résidentiel qu’ils se divisent entre eux à moins que le fermier en assume les coûts lui-même.

“On tentait de trouver ce qu’on pouvait faire pour accommoder quelqu’un qui se trouvait à 2 500 kilomètres de la maison et qui ne voulait que parler à sa famille le soir venu.” – Petruk

Encore plus intéressant est le plan de Petruk pour desservir les dortoirs trop loin pour être branchés au réseau avec de la large bande sans-fil fixe. Il est entré en partenariat avec la station de télévision à faible puissance CFTV, à Kingsville pour déployer de la technologie IP nomade installée dans la nouvelle tour de transmission afin de fournir de la large bande sans-fil pour desservir les dortoirs de la région. Les travailleurs pourront alors bénéficier d’un abonnement à bas prix “pour utiliser des services de voix ou d’internet sans avoir à utiliser le service gratuit de certains commerces,” a expliqué Petruk afin qu’ils puissent, dans le confort d’où ils vivent, avoir accès aux mêmes services que nous. »

« Ils sont ici pour six, huit ou dix mois donc ils ne peuvent signer un contrat de trois ans pour obtenir un tarif raisonnable. Avec CFTV, on tentait de trouver ce qu’on pouvait faire pour accommoder quelqu’un qui se trouvait à 2 500 kilomètres de la maison et qui ne voulait que parler à sa famille le soir venu. » Le PDG de CFTV, Tony Vidal, a travaillé avec le consulat mexicain pour concrétiser ce projet.

Gosfield et la station de télévision testent présentement un service de technologie IP nomade dans un seul dortoir pour éventuellement déployer le service à l’ensemble de la région peu après que CFTV eut installé sa nouvelle antenne. (Bientôt nous publierons un reportage sur CFTV.)

« Je crois qu’un accès universel à l’internet est une grande chose, » a ajouté Petruk. Ils veulent avoir internet. Ils veulent travailler. Ils veulent utiliser FaceTime avec ceux qu’ils aiment. Nous voulons nous assurer que nous fournissons un service orienté vers la communauté disponible pour tous. »

Traduction française par Denis Carmel.