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L’entretien de Cartt.ca: le PDG de la CCSA, Jay Thomson

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LE PDG DE LA CANADIAN Cable Systems Alliance, Jay Thomson connaît les réseaux et les médias canadiens de fond en comble. Comment pourrait-il en être autrement ? Avant de travailler à la CCSA, il a travaillé à l’Association canadienne des télécommunications par câble (ACTC), Canadian Association of Internet Providers, l’Association canadienne des radiodiffuseurs et la Canadian Media Producers Association (également à Telus et au CRTC).

Ce dirigeant de longue date d’Ottawa a été embauché comme PDG de la CCSA en remplacement de Alyson Townsend qui a quitté son poste à l’été 2016. Thomson est à l’aise dans ce secteur et, de manière aussi importante, il connaît les rouages du gouvernement surtout dans un Ottawa qui semble se préoccuper des joueurs plus imposants que sont Bell, Rogers, Shaw, Telus, Québecor, etc.

C’est est un défi important— un que la CCSA connaît depuis toujours — lorsque l’on considère les sommes importantes d’argent que le gouvernement fédéral, et dans une moindre échelle, les gouvernements provinciaux et municipaux consacrent pour le déploiement de la large bande dans les zones rurales. Amener la large bande dans les régions éloignées est un geste politiquement rentable, mais cela ne doit pas se faire au détriment des opérateurs indépendants déjà présents sur le terrain. La crainte des membres du CCSA est que l’investissement gouvernemental soit distribué aux Bell et Telus de ce monde, pour l’expansion de ces larges réseaux dans des régions alors que ces différents paliers de gouvernement ne réalisent pas que des entreprises locales desservent déjà ces localités.

Les membres de la CCSA ont déjà investi leur propre argent pour fournir l’internet à haute vitesse à leurs clients (comme les chroniques de CARTT.ca sur les Indépendantes l’ont déjà démontré) et ne veulent pas se faire écraser ou voir l’équilibre concurrentiel faussé par un autre fournisseur de service bénéficiant des deniers publics. En fait, si l’argent des contribuables est nécessaire pour déployer la large bande, les membres de la CCSA veulent être impliqués et eux, savent peut-être comment mieux dépenser ces sommes.

Une des obsessions de Jay Thomson comme PDG de la CCSA (et leur principal lobbyiste) est de s’assurer que ses membres prennent continuellement part à la conversation aux niveaux les plus élevés. « Parce que nous sommes présents dans ces marchés, nous sommes sur le terrain et nous connaissons ces communautés, nous croyons que nous avons une meilleure connaissance de leurs besoins que les grandes entreprises qui ne sont pas présentes dans ces communautés. »

« Si vous fournissez du financement à nos membres, ils sauront comment bien le dépenser. » – Jay Thomson, CCSA

« Il n’y a pas beaucoup d’avantages à être petits, mais l’un d’eux est la flexibilité et la capacité d’innover, ajoute-t-il. (Les membres de la CCSA) savent comment faire fonctionner les choses quand vous n’avez pas beaucoup d’argent — et c’est le message que nous tentons de transmettre au gouvernement : “Si vous fournissez du financement à nos membres, ils sauront comment bien le dépenser. »

La recette secrète, s’il en existe une pour les petits opérateurs de réseaux indépendants, consiste à travailler fort, au niveau local, pour livrer la même quantité de Mb/s ou le même nombre de canaux de télévision dans leurs communautés que les grandes entreprises offrent dans les grandes villes avec, comme avantage additionnel, de créer des emplois locaux de hautes technologies en région. On parle ici de la création des réseaux qui maintiendront les petites entreprises ainsi que les jeunes dans les régions rurales. C’est réellement une assez belle histoire.

Mais fournir ce niveau de service n’est pas toujours facile, en raison des obstacles coûteux que doivent affronter ceux dont le lettrage sur les camions se lit Access, Westman, Cable Cable, CCAP, Video Déry ou Seaside, plutôt que Rogers, Bell, Telus ou Québecor. Donc, maintenir les coûts bas reste la priorité de la CCSA : offrir des négociations conjointes de contrats et la facturation unique, par exemple. Les bureaux et les services indispensables offerts par le personnel de Quispamsis, au Nouveau-Brunswick, sont là pour rester.

« Ultimement, ce sont les objectifs stratégiques que tout le monde partage. (Les membres de la CCSA) dans leurs communautés, accroissent leurs niveaux de service, font croître leurs entreprises, et comprennent que s’ils veulent accomplir tout cela, ils ont besoin d’avoir accès à la programmation à un coût raisonnable et à des conditions acceptables. Ils savent aussi qu’ils ont besoin d’aide s’ils veulent étendre leurs réseaux à d’autres communautés et bâtir sur leur potentiel. C’est un thème récurrent, dit Jay Thomson. »

« Des choses comme obtenir d’un programmeur un contrat dans des délais raisonnables. Tous partagent cette préoccupation. Finaliser le contrat afin d’éviter de payer d’importantes sommes rétroactives c’est une préoccupation dans la façon dont les contrats sont négociés — et les règles du CRTC entourant les paiements rétroactifs. C’est un enjeu important avec lequel nous devons composer. »

Cependant, au fil des ans, la réduction du nombre de membres de la CCSA, faisant suite aux consolidations, a diminué quelque peu son rapport de force, mais Thomson dit qu’il a également un mandat de croissance pour la CCSA. « Il y a d’autres fournisseurs de services vidéo. Nous recevons régulièrement des demandes d’adhésion de fournisseurs traditionnels qui ont leurs propres installations et qui veulent profiter de nos capacités de négociation et de facturation unique — et nous recevons de nouvelles demandes de nouveaux joueurs, qui revendent des services internet qui veulent ajouter la composante vidéo à leur offre de service. Ils voient des avantages dans l’administration de la négociation de contrats que nous offrons et veulent se joindre à nous, explique-t-il. »

«Les hausses de tarifs que l’on note en Ontario sont contre-productives quant à l’atteinte de l’objectif de déployer les services de large bande dans les régions éloignées et rurales.» – Thomson

« Présentement, les revendeurs ne sont pas acceptés dans notre organisation, car nous représentons des fournisseurs de service avec des installations… mais nous examinons cette question… cependant si ça nous divise dans nos enjeux de défense d’intérêts parce qu’ils ont une perspective différente que la nôtre alors ça ne vaut pas la peine. »

Jay Thomson dit que la CCSA a également ajouté une dimension régionale afin de s’assurer que différents niveaux de gouvernements ne nuisent pas à l’objectif stratégique de brancher les Canadiens à la large bande passante. Cela veut dire, par exemple, de suivre de près l’enjeu des tarifs de raccordements aux poteaux. Un enjeu ennuyant, certes, mais l’accès au raccordement aux poteaux et autres structures de soutènement est clé « et les hausses de tarifs que l’on note en Ontario sont contre-productives quant à l’atteinte de l’objectif de déployer les services de large bande dans les régions éloignées et rurales parce qu’un secteur de gouvernement ne comprend pas ce que les autres font, explique-t-il. »

« Ils devraient comprendre que l’objectif ultime est d’étendre la couverture dans l’ensemble du Canada et reconnaître qu’une décision d’un secteur ou niveau de gouvernement prend, que ce soit une municipalité ou une province ou peu importe peut avoir un impact négatif sur l’objectif global. »

Traduction française par Denis Carmel