
L’entreprise a également des visées nationales
par Ruby Pratka
QUAND f6 NETWORKS, une entreprise de Fredericton, a commencé à bâtir son réseau de fibre au Nouveau-Brunswick, en 2008, le secteur de la technologie souffrait des affres de la récession et les réseaux de fibre n’étaient pas aussi répandus que maintenant.
Douze ans plus tard, f6 Networks a construit le plus large réseau de fibre indépendante dans les Maritimes et utilise ce vaste réseau de fibre noire pour permettre à ses clients de construire leurs propres réseaux internes, comme ils l’entendent. Aujourd’hui, f6 Networks est le plus grand réseau libre à accès privé au Canada.
K-Line Construction, le prédécesseur de f6 Networks, fondé en 1981, œuvrait dans la construction de lignes téléphoniques. Plus tard, il a évolué vers l’accès internet. « Je viens d’une compagnie qui travaillait dans la construction et les télécommunications et en 2008, nous venions de vendre notre service d’accès internet, nous dit le PDG et co-fondateur de f6 Networks, Tom Rivington, en entrevue. “Nous voulions aller dans la fibre optique et il y avait une demande de la part des entreprises de télécommunications locales.”
Quand la récession a frappé, plusieurs des compagnies qui avaient démontré un intérêt se sont désistées, mais les contrats gouvernementaux et universitaires ont permis à l’entreprise de fibre optique de prendre son envol. Ses premiers contrats d’envergure furent avec les centres de recherche de l’université du Nouveau-Brunswick et le système des collèges communautaires du Nouveau-Brunswick, se souvient Rivington. L’entreprise est ensuite devenue partenaire de CANARIE, un réseau pancanadien financé par le gouvernement fédéral pour déployer la fibre optique dans le nord du Nouveau-Brunswick et des parties de la Nouvelle-Écosse.
“Ce furent ces contrats qui nous ont permis de bâtir notre entreprise les 5 ou 6 premières années,” se souvient Rivington. Utilisant ces réseaux comme tremplins, l’entreprise a commencé à se spécialiser dans la fibre noire — déployer de la fibre sans avoir la garantie d’avoir un client, pour ensuite, lorsqu’un client se manifeste la “brancher”.
“Avec la fibre noire, la croissance de notre réseau est proportionnelles à la croissance de notre entreprise,” souligne Rivington. C’est un projet coûteux, demandant beaucoup de mise de fonds, surtout dans une région comme la nôtre, où le marché est limité et les distances importantes. Vous devez investir dans vos infrastructures, à votre propre rythme. »
Il admet que l’entreprise a été « chanceuse » de pouvoir avoir des partenariats avec CANARIE, tout comme avec de grandes entreprises privées, qui ont permis à f6 de déployer ses réseaux, en particulier dans les régions éloignées.
« Nous sommes passés du stade où nous construisions un câble et vendions des torons à celui de construire des plateformes de transmission sur ces torons pour servir nos clients, » – Tom Rivington, f6 Networks
« Nous sommes passés du stade où nous construisions un câble et vendions des torons à celui de construire des plateformes de transmission sur ces torons pour servir nos clients. » Ces clients peuvent aussi bien être le fournisseur de service sans-fil, que le fournisseur de contenus que les instances gouvernementales. En utilisant les capacités de transmission de f6, ses clients ont une flexibilité accrue dans le développement de leur réseau, raconte Rivington.
« Quand un client se procure de la fibre noire chez un fournisseur comme nous, ça lui donne la même flexibilité que s’il construisait lui-même cette fibre ; il peut décider de la technologie, du fournisseur de service optique, de la bande passante et son plan d’action pour grandir en fonction de ses besoins qu’il contrôlera en termes d’équipements et de coûts. »
Présentement, f6 Networks fournit de la fibre noire et un accès internet par fibre optique à des centaines de clients dans les Maritimes. Leur réseau actuel couvre, à l’heure actuelle, une grande partie du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse, est aussi branché avec de tierces parties au Québec et le nord des États-Unis et jusqu’en Ontario et plus loin grâce à des centres d’interconnections.
« La vaste majorité de notre activité est dans la fibre noire, nous vendons également à de grandes entreprises et des fournisseurs de télécommunications en gros désirant avoir accès au Nouveau-Brunswick et à la Nouvelle-Écosse, » dit Rivington. « Ce sont deux activités différentes, en fibre noire, nous louons une entité physique (câble de fibre optique) alors que la fourniture de gros est la location de l’accès au réseau. »
« On n’arrêtera jamais d’avoir besoin de l’internet. » – Rivington
Durant la pandémie de la Covid-19, la demande pour le service de f6 Networks a augmenté au même rythme que la demande de bande passante. Le volet petites et moyennes entreprises de nos activités s’est arrêté brutalement, mais, les contrats gouvernementaux et le secteur la fibre noire n’ont pas ralenti, » a ajouté Rivington.
La demande s’est, en réalité, accrue parce que nous vendons de la capacité à nos gros clients et que leurs clients ont consommé plus de bande passante, à la maison ou dans leurs serveurs. Donc, la demande pour de la bande passante s’est accrue. Les gens travaillant de la maison ont dû se brancher à leurs bureaux. On n’arrêtera jamais d’avoir besoin de l’internet. »
L’objectif actuel de Rivington est de contribuer à la croissance du réseau nord-américain de fibre noire grâce à des interconnexions à d’autres fournisseurs régionaux indépendants à travers le Canada. « Nous sommes probablement le plus large réseau de fibre noire au Canada, nous avons des interconnexions aux États-Unis et nous avons deux des plus gros fournisseu

Inside the f6 Fredericton POP.
rs de contenu au monde comme clients. » (Il ne peut divulguer leurs noms).
« Nous sommes en discussion avec d’autres propriétaires de réseaux indépendants de fibre noire et notre but est de les rattacher les uns aux autres. Un aspect de notre vision à long terme est de créer un réseau de fibre à accès libre à travers le Canada qui ne serait pas contrôlé par une grande entreprise. »
Il croit qu’un réseau national contrôlé par de multiple de fournisseurs régionaux aiderait à résoudre deux problèmes épineux que rencontrent les fournisseurs de service internet — l’entreposage de données sur des serveurs américains, qui a des implications sur la confidentialité des données, la sécurité et la responsabilité ainsi que le manque de connectivité à haute vitesse dans les régions rurales — tout comme accroître la compétitivité des petits fournisseurs de service internet.
« La majorité du trafic internet aujourd’hui transite par les États-Unis et en construisant un réseau de fibre pancanadien nous pourrons garder une plus grande quantité du trafic chez nous, ce qui a des avantages au niveau la protection de la vie privée et de la performance » nous a dit Rivington. Il croit que cela nécessiterait de bâtir des réseaux de fibre dans les régions éloignées pour amener la fibre haute capacité aux petits fournisseurs de service internet dans ces régions en améliorant la connectivité à large bande à travers le pays.
L’entreprise, qui a débuté en branchant les communautés des Maritimes avec des fils téléphoniques, a une vision nationale, selon Rivington. « Nous voulons devenir la référence au Canada en termes de connectivité avec de la fibre. »